Black Mamba, la force de la passion

Couverte par une cape noire offerte par son frère, Sarra entre dans le ring avec la ferme intention
de franchir un palier dans l’exercice d’un sport qui la passionne tant. Pour elle, la boxe est son
seul métier comme elle l’exprime elle-même à travers une réplique : « Je ne sais rien faire
d’autre ». La réalisatrice, aussi scénariste de ce film de 20 minutes, Amel Guellatya a su capter
l’intensité des regards et l’émotion à travers de gros plans quand les concurrentes se font face
dans le ring. A travers l’enchainement des scènes, la succession des séquences et le changement
des plans (plans d’ensemble et gros plans), on découvre le dilemme que vit la jeune fille : sa soif
de vivre pleinement sa passion et la voie tracée par sa mère qui tient à ce qu’elle se marie.
Son frère qui joue également le rôle de coach lui rappelle que malheureusement la vie c’est
comme la boxe où il faut savoir donner les coups et savoir en encaisser. Sa vie tourbillonne entre
ces deux horizons à travers des plans imbriqués et rapidement exécutés. Ce court-métrage semble
remettre sur le tapis la thématique en vogue de l’émancipation féminine, mais à travers le
personnage de Sarra, Amel Guellaty peint le destin d’une fille forte capable de s’en sortir grâce à
la force de son caractère. Ni trop pleurnicharde, ni trop butée, Sarra est loin d’accepter sagement
le sort qui l’attend, en témoigne le fait de sortir en douce pour aller pratiquer son art. Doit-on
accepter silencieusement la voie de la tradition et rester dans le sillon des parents ou se laisser
transporter par les flammes de sa passion quitte à se mettre à dos les gens qui comptent ?
Le court-métrage semble répondre sans trop de brutalité aux choix que doivent faire ceux qui
décident de sortir du sentier bâti.
Black Mamba réalisé en 2017 et sorti en 2018 a réussi plusieurs prix dontceux de la meilleure
fiction et de la meilleure interprétation féminine. Avec Black Mamba, Amel Guellaty n’en était
pas à son premier coup d’essai qui d’ailleurs s’est révélé être un coup de maître. Elle avait déjà
réalisé avec brio deux autres courts-métrage : Né au printemps et Les éboueurs de la mer.

Parfait Nzeyimana
Cet article a été écrit dans le cadre de l’atelier sur la critique cinématographique,
Festicab, juin 2019